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LA BICYCLETTE NOIRE 2

Le Retour de Wilfried

Une quinzaine de jours plus tard, Wilfried prit des nouvelles d’Anna-Maria par courrier. Il lui disait être toujours inquiet pour elle, il voulait savoir si elle s’était bien remise de ce sauvetage qui aurait pu être une terrible tragédie. Il lui annonça aussi qu’il revenait l’été prochain en Bretagne mais il ne savait pas encore exactement où et qu’il aurait été très content de lui rendre visite pendant son séjour.

(Dessin réalisé en 1986)

(Dessin réalisé en 1986)

Adossée au balcon de sa somptueuse demeure, toute vêtue d’une robe légère et d’un joli drapé à paillettes, Anna-Maria était très heureuse de recevoir la lettre de Wilfried depuis l’étranger. Elle s’empressa de lui répondre en le rassurant, malgré quelques cauchemars qui persistaient encore certaines nuits. Elle était très touchée qu’il souhaite la revoir et elle accepta avec joie. Wilfried la recontacterait dès son arrivée en Bretagne pour convenir d’un éventuel rendez-vous.

L’été suivant s’annonçait à nouveau, non pas qu’Anna-Maria ait oublié ce maudit jour où elle se noyait dans les entrailles de l’océan de son enfance, mais elle se souvenait aussi d’une très belle rencontre qui n’aurait jamais eu lieu si Wilfried ne l’avait pas sauvé ce jour-là.

Un matin de Juillet, elle reçue un appel de sa part. Il lui disait qu’il avait décidé de revenir à Beg-Meil et qu’il arriverait la semaine suivante par le train à la gare de Quimper. Son voyage serait assez long car il partait de la ville de Catane en Italie ; où il réside ; en avion pour faire une escale à Paris et prendre le TGV pour le Finistère. Il prendrait ensuite un taxi pour arriver à Beg-Meil comme l’été précédent où il avait réservé un mobil-home au camping de Kervastard.

Anna-Maria lui coupa soudain la parole et lui dit d’annuler sa réservation au camping car elle l’invitait à résider chez elle pendant son séjour, si bien évidemment il le souhaitait. Elle vivait seule dans cette somptueuse demeure qui appartenait à sa famille depuis des générations et serait ravie d’avoir un invité.

(Villa de Ker Ar Menec'h)

(Villa de Ker Ar Menec'h)

A l’autre bout du fil Wilfried accepta sans contestation aucune, cette charmante hospitalité que lui offrait Anna-Maria. Il la tiendrait au courant de son arrivée étape par étape…

Le jour J arriva enfin. Toute la semaine passée Anna-Maria s’activa avec l’aide de sa femme de ménage à préparer la villa pour accueillir comme il le méritait tant : son sauveur. Wilfried arrivait ce Jeudi matin à 10h30 à la gare de Quimper. Elle lui donna donc son adresse pour que son taxi l’amène à bon port.

Tout à coup la sonnerie de son portable retentit :

-Anna-Maria ? C’est Wilfried. Je suis dans le taxi là, et j’ai décidé de me rendre à Port La Forêt (près de Fouesnant) pour y louer un voilier que j’ai réservé et je viendrais « m’échouer » sur ta plage privée dans l’après-midi…

Elle se mit à rire, ne le croyant pas sur le coup.

-Vraiment ?

-Oui je t’assure, je me suis dit que cet été ça serait magnifique de voguer le long de la Riviera Fouesnantaise en bateau avec le beau temps de prévu. J’espère que mon idée te plaît ?

(Anna-Maria et Wilfried se tutoyaient à présent).

-Mais oui bien sûr, j’adore ! Mais vers quelle heure arriveras-tu sur ma plage ? Tu n’auras peut-être pas de réseau pour m’avertir ? Et sais-tu de quelle couleur est le bateau que tu as loué ?

-Je serais chez toi vers 15H. Le bateau et la voile seront noirs avec des ronds blancs et le mat bleu clair. Mais comme tu m’as envoyé une photo de ta villa et de ta plage je pense pouvoir trouver facilement.

LA BICYCLETTE NOIRE 2
LA BICYCLETTE NOIRE 2LA BICYCLETTE NOIRE 2

-Ok Wilfried, je serais sur la plage. A tout à l’heure…

Peu avant 15h Anna-Maria descendit sur le sentier mais ne vit pas de voilier s’approcher, seulement quelques bateaux de pêche arrivaient au petit port de Beg-Meil. Elle décida donc de longer la côte à pied dans l’attente insoutenable de voir Wilfried à l’horizon. Elle marcha un petit bout de chemin tout en s’arrêtant de temps en temps dans l’espoir de le voir arriver. Mais en vain.

(au fond, CONCARNEAU)
(au fond, CONCARNEAU)

(au fond, CONCARNEAU)

Elle continua jusqu’à la Cale, le petit port, mais toujours pas de Wilfried. Non, là sur la gauche ce n’était pas un grand voilier, ce n’était pas lui.

 

(Petit port de BEG-MEIL, La Cale)

(Petit port de BEG-MEIL, La Cale)

Elle prit la décision de lui téléphoner mais c’était sans cesse sa messagerie :

-Vous êtes bien sur le bateau de Wilfried, si je ne vous réponds pas c’est que je suis à la barre…

-Oh mais c’est pas vrai ça ! s’énerva-t-elle un peu quand même.

Elle emboîta le pas rapidement avec déception et repris le sentier en direction de sa villa. De temps à autre elle jetait un œil sur la mer tout en pressant le pas pour arriver à temps.

Tout à coup elle s’arrêta dans sa foulée, le cœur battant d’émotion en voyant au large le voilier qui semblait bien être celui que Wilfried lui avait décrit. Elle porta ses jumelles à ses yeux et pu alors reconnaître le voilier, enfin ! Elle laissa échapper un fou rire lorsqu’elle fit un zoom sur la voile, il y avait écrit dessus : « Comme un seul homme » !

(Concarneau en arrière plan)
(Concarneau en arrière plan)

(Concarneau en arrière plan)

Elle prit ses jambes à son cou et se mit à courir jusqu’à sa plage tout en faisant attention de ne pas tomber dans l’escalier taillé dans le rocher. Elle se précipita au bord de l’eau et attendit un peu qu’il soit plus proche de la côte. Enfin il dévia sa direction et se dirigeait à présent droit vers elle. Elle se mit à lui faire de grands gestes pour lui confirmer que c’était bien sur cette plage qu’il devait venir « s’échouer », comme il lui avait dit ce matin au téléphone. En le voyant s’approcher de plus en plus près du rivage, son cœur battait la chamade. Elle le voyait maintenant, debout à l’avant du voilier, il lui faisait de grands signes et l’appelait :

-Anna-Maria !

-Wilfried !

Ce moment tant attendu était arrivé, cette fois il était bien là, il allait jeter l’ancre à quelques mètres d’elle et prendre son baluchon sur son dos avec l’eau jusqu’à la taille, il allait encore devoir faire quelques pas bien trempés pour venir la rejoindre sur le sable déjà chaud.

-Anna-Maria !

Il balança son gros sac à dos sur la plage et l’étreignit très fortement tout en s’excusant de son retard.

-Wilfried, est-ce que tu vas bien ? Je n’ai cessé de t’appeler mais tu ne répondais pas !

Il la regarda avec un large sourire et lui dit :

-J’ai fait exprès de personnaliser la boîte vocale de ma messagerie qui te disait que j’étais à la barre car j’ai eu un peu de mal à quitter Port La Forêt avec l’école de voile, il fallait que je sois attentif dans mes manœuvres pour me frayer un passage entre tout ce monde sur la mer !

-Oh mon Dieu Wilfried j’étais tellement inquiète et à la fois je te l’avoue, un peu en colère car je croyais que tu voulais t’amuser à me faire vraiment attendre ! Tu as plus d’une demie-heure de retard…

-Oui je sais, mes parents auraient dû m’appeler Désiré…

Elle le repoussa tout en rigolant :

-Toi alors ! Ce sont les femmes d’ordinaire qui se font attendre ! Maintenant que tu es enfin arrivé, viens, je vais te faire visiter ma demeure. Tu vas pouvoir te changer si au moins toutes tes affaires ne sont pas trempées dans ton sac !

Wilfried lança un regard sur sa gauche et demanda à Anna-Maria ce que c’était cette petite maisonnette là-bas au bout sur le rocher.

LA BICYCLETTE NOIRE 2
LA BICYCLETTE NOIRE 2

-Ah ça, c’était à l’époque un Salon de Thé. Chaque propriété en possédait un et l’ont encore aujourd’hui, mais ils ne sont plus utilisés, ils font juste partie du Patrimoine et ce sont aussi les souvenirs des ancêtres de chaque famille. Et puis maintenant, depuis la construction du sentier qui passe sur les domaines, ces salons restent là plantés sur les rochers et semblent s’être détachés de leur résidence.

-Cela devait être magnifique de prendre le thé avec vue sur la mer, dans un petit salon sur un rocher à regarder les bateaux sur l’eau. Comme c’est original !

Anna-Maria lui prit la main et ils montèrent ensemble le petit escalier qui menait sur le sentier pour en gravir un autre qui offrit à Wilfried une beauté fatale : une luxueuse villa et son immense parc avec une allée qui menait droit sur une terrasse.

Les yeux envahis par la beauté de cette coquette « maison », Wilfried gravit le perron et se retourna pour admirer cette vue splendide sur ce jardin avec de grandes pelouses arborées et des parterres de fleurs gigantesques.

Il fit quelques pas sur la terrasse et sur sa droite une autre vue imprenable s’offrait à lui sur la mer. Il resta sans voix oubliant presque Anna-Maria, qui se trouvait à ses côtés.

-Je t’en prie, entre, tu vas pouvoir aller te changer, je vais te montrer où se trouve la salle de bain.

Wilfried portait un bermuda beige « à l’eau de mer » et un polo bleu marine mouillé jusqu’aux côtes.

Dans le hall des portes s’ouvraient sur plusieurs pièces : un grand salon et une spacieuse salle à manger très bien éclairés par la grandeur des fenêtres qui laissaient entrer tout le soleil entier et une cuisine, plus discrète mais fort sympathique.

Un large escalier en chêne foncé menait à l’étage où se trouvaient des chambres et une salle de bain.

Wilfried suivit Anna-Maria qui lui fit monter jusqu’au deuxième étage.

-Excuse-moi mais je n’ai pas d’ascenseur, lui dit-elle en riant. Moi j’occupe une chambre et la salle de bain du premier étage mais je t’ai préparé celle du deuxième, il y a une douche et je me suis dit qu’un homme préfèrerait cela à une baignoire…

Anna-Maria le laissa « se débarbouiller » et lui dit qu’il la trouverait sur la terrasse.

Un quart d’heure plus tard, Wilfried la rejoignit, très décontracté, bermuda et Marcel blancs. C’était un homme très simple qui avait déjà adopté les lieux comme chez lui.

-Que désires-tu boire ? Une boisson fraîche, un thé ou un café ? lui demanda Anna-Maria.

-Oh, un café s’il te plaît, sans sucre.

Tout à coup en observant tous les recoins de ce Domaine, Wilfried remarqua un barbecue dans un coin de la terrasse. Une idée lui trottait dans la tête.

-Est-ce qu’une grillade de poissons te ferait plaisir ce soir ? lui demanda-t-il ? Aurais-tu une canne à pêche ?

-Euh…oui au sous-sol on doit pouvoir trouver le nécessaire mais je te garantis une pêche de poussière avant de t’en servir car ça n’a pas servi depuis des lustres ! Allons voir…

Wilfried trouva son bonheur, juste de quoi capturer quelques petites denrées marines pour un bon dîner à deux. Il descendit donc sur la plage. Il gravit quelques rochers pour se trouver un petit coin tranquille de l’autre côté du Salon de Thé.

LA BICYCLETTE NOIRE 2

Anna-Maria avait préféré rester sur la plage. Elle n’aimait pas trop gravir tous ces rochers. Elle s’était assoupie sur sa serviette, quand elle sentie quelque chose de froid glisser sur sa joue. Elle sursauta et cria ! Ce n’était que Wilfried qui était revenu de sa campagne de fritures pour le dîner et qui avait dans sa main une petite crevette qu’il déposa tout en douceur sur son visage. La jolie petite crevette rose commença à crapahuter sur la joue de la belle endormie, ce qui la sortie de sa sieste.

-Oh Wilfried ! Tu es de retour ? Mais quel taquin tu es ! Alors ? Qui-y-a-t-il dans ce seau pour le barbecue ?

-Des crevettes comme tu as pu le constater ! (rires), et quelques petits poissons…

Le seau et la canne à pêche dans une main, il tendit l’autre à Anna-Maria et ils rejoignirent la villa. Wilfried alluma le barbecue pendant qu’elle préparait la table. Une très belle soirée douce et ensoleillée était également au rendez-vous. Les grillades parfumaient à présent la terrasse, il était 20h, Anna-Maria et Wilfried allaient déguster sans modération cette fameuse récolte marine tout en réfléchissant au programme de la journée du lendemain.

A suivre…

Tag(s) : #Romance
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